Page créée le 16/05/2017.
Le spreader, c’est ce cadre géant qui sert à saisir le conteneur, appelé en bon français cadre de préhension. Il tire son nom de l’anglais to spread, qui signifie s’étaler. En effet, il est muni de dispositifs de préhension (verrous de coin ou pinces) qui peuvent coulisser pour s’adapter aux longueurs variées des conteneurs.
Ce document montre un exemple récent, différent de celui qui m’intéresse, mais qui explique bien le système de préhension par verrous tournants. Ce mécanisme s’apparente à celui d’une clé dans une serrure. Voici une vue de ce genre de verrou, avec, en dessous, une pièce de coin normalisée ISO pour conteneur.
La broche d’atterrissage (traduction mot-à-mot de landing pin) est en fait un palpeur actionné par le conteneur lorsque le verrou pénètre dans la pièce de coin, signalant ainsi le positionnement correct du spreader et autorisant la rotation du verrou.
Ici au moins c’est simple : je n’ai aucun diagramme ni plan quelconque. Je ne pourrai compter que sur les photos, avec comme point de comparaison le portique et des conteneurs dont les cotes sont bien connues. À l’époque (début des années soixante-dix), il y avait moins de variété que maintenant. Les conteneurs ISO faisaient tous huit pieds de large et de haut, soit 2,44 m. Quant aux longueurs, il y avait les 20, 30 et 40 pieds, soit respectivement 6,06 m, 9,12 m et 12,19 m. Depuis, les 30 pieds ont disparu.
Le spreader est constitué principalement d’un châssis en poutrelles genre IPE, réunies par des tôles pliées aux extrémités, et par des traverses aux formes assez complexes, conçues pour recevoir les crochets du portique.
Voici une première photo dont j’ai redressé la perspective pour y effectuer les relevés de longueur du châssis et de la hauteur des poutrelles. Il s’est immédiatement posé la question de la longueur du conteneur. En effet, il semble trop long pour un 30 pieds, et trop court pour un 40 comme le montre le châssis du spreader qui dépasse nettement. Et, de fait, aucun des deux n’est compatible avec l’écartement des pieds du portique (environ 11 m).
La solution est venue en consultant l’article Wikipédia sur les conteneurs : il y est indiqué que, dans les débuts, chez Sea-Land, dont le patron Malcom McLean était l’inventeur du concept, les conteneurs mesuraient 35 pieds, soit environ 10,7 m. Tel est sans doute le cas du conteneur photographié ici !
Sur l’image, le premier nombre est la valeur en pixels (relevé sur une photo de plus grande taille, inapplicable sur cette image réduite). Le deuxième est la valeur en millimètres. Naturellement, toutes ces cotes sont entachées d’une incertitude importante, et la base de calcul est différente selon que l’on mesure en horizontal ou en vertical. Il n’y aurait égalité qu’en cas de projection parfaitement orthogonale, ce qui n’est pratiquement jamais le cas. Le passage des pixels aux millimètres a été fait par comparaison avec le conteneur.
La longueur du spreader, obtenue par symétrie en raison de l’extrémité cachée, est de 12,34 m, parfaitement cohérente avec un conteneur de 40 pieds (12,19 m).
Concernant la hauteur des poutrelles, les valeurs standard compatibles avec le relevé sont 450 (× 180) ou 500 (× 200). J’ai arbitrairement choisi la deuxième, choix confirmé ci-dessous. Évidemment, il se pourrait que les profilés ne soient pas standards !
Voici maintenant la photo qui a servi à relever la largeur du spreader. On remarquera que la hauteur des poutrelles, mesurée ici aussi, est cohérente avec la valeur trouvée précédemment.
La largeur est prise sur les âmes des poutrelles. Si celles-ci ont une largeur d’aile de 200, la largeur totale sera de 2,025 m, que j’ai arbitrairement arrondie à 2 m.
Muni de ces cotes, je peux déjà ébaucher la structure du spreader. Mais le plus dur reste à faire !
Au tour des traverses de levage maintenant. La méthode utilisée est toujours la même. À partir des cotes de largeur du spreader et de hauteur des poutrelles, relevées précédemment, on essaie d’en déduire les autres. Le diamètre du palan (incertain lui aussi) est pris à titre de vérification.
On voit sur cette photo la présence d’une autre poutrelle, plus petite, dans l’axe, qui sert probablement à soutenir et guider des équipages mobiles. Elle a une section nettement plus petite, et doit passer sous les traverses. J’ai choisi un profilé HEB de 180 mm de côté.
Il y a aussi des profilés de contreventement, que j’ai pris de section rectangulaire 90 × 50, leur profil réel étant une cornière soit en L, soit en T.
Rien de particulier à dire concernant le dessin, sauf qu’il est fait séparément du portique et importé sous forme de référence externe. Cela signifie qu’il n’est inclus que sous forme d’adresse, et que toute modification de cette référence externe se répercutera automatiquement sur le dessin du portique. L’autre méthode, l’importation sous forme de bloc, demanderait de supprimer ce bloc et de le ré-importer à chaque modification. En revanche, on ne peut pas travailler sur les deux dessins en même temps. On est obligé de fermer l’un pendant l’édition de l’autre. Autre inconvénient : on ne peut pas déplacer les fichiers dans un dossier différent, sous peine de perdre le chemin d’accès. Cela nécessite du soin dans la gestion du projet.
Même technique pour le conteneur visible sur l’image en bas de page.
Voici l’état actuel du spreader. Il manque encore l’évocation des dispositifs de préhension (verrous de pièces de coin) et, pour le moment, il est encore impossible de lever un conteneur…
Ce sont apparemment des pièces en acier moulé. Les verrous ne seront qu’évoqués, et, pour le moment, je fais l’impasse sur les pinces de préhension de semi-remorque, pièces vraiment complexes. Certains spreaders n’en étaient d’ailleurs pas équipés.
Et, enfin, un conteneur peut prendre son envol…
Voici une comparaison avec la première photo de cet article. Au moins dans les proportions générales, tout cela semble cohérent (même les ombres !).