24/11/2012.

La profondeur de champ

Qui dit photo rapprochée dit profondeur de champ réduite. Donc, première solution :

Ne pas trop s’approcher du modèle

Avec les capteurs récents à plus de 10 Mpx, on pourra toujours recadrer la photo sur ordinateur.

Utiliser un compact à petit capteur

Eh oui, plus le capteur est petit, moins le problème de profondeur de champ est important. Naturellement, cette petitesse se paie par une qualité moindre des images, notamment en basse lumière. Inversement, le phénomène est plus important sur un reflex « plein format » (c.-à-d. au format 24 × 36).

Diaphragmer, mais pas trop

Lorsqu’on ferme le diaphragme, on augmente la profondeur de champ, et donc la netteté. Mais, si l’on dépasse f/11 ou f/16, un phénomène parasite vient dégrader cette netteté : c’est la diffraction. Il vaut donc mieux se contenter de f/5,6 à f/11. Mais alors, la profondeur reste quand même très limitée (quelques centimètres).

Utiliser un logiciel qui combine plusieurs images

Cette méthode dite du focus stacking n’est utilisable qu’avec un appareil ayant la possibilité de mise au point manuelle, et monté sur pied.

On fait plusieurs photos, en modifiant entre chacune la distance de mise au point. On obtient donc une série de photos dont le plan de mise au point (netteté) varie progressivement, de l’avant vers l’arrière ou inversement. Le logiciel va rechercher automatiquement la zone de netteté optimale de chaque image et fusionner toutes ces zones en une image unique.

Cela paraît simple, mais ça ne l’est pas tant que ça : entre chaque photo, il peut y avoir de petits décalages de cadrage (même, et c’est obligatoire, si l’on travaille sur trépied), car, lorsqu’on change la mise au point, le grandissement de l’image change un peu. De plus, il peut y avoir de petites variations de couleur et d’exposition.

Avec ce procédé, on peut photographier de trois quarts un train entier de dix voitures, donc d’environ 3 m de long en HO, net d’une extrémité à l’autre !

Une petite recherche sur Internet avec le mot-clé « focus stacking »  montre qu’il existe de nombreux logiciels d’empilage d’images pour augmenter la profondeur de champ. Voir un test malheureusement un peu ancien (2011) par Helisud sur eos-numerique.com. Parmi ces logiciels, citons :

Voir aussi un article où le principe du focus stacking est bien expliqué, ainsi que les autres méthodes pour avoir la meilleure profondeur de champ possible.

J’utilise ou j’ai simplement essayé les logiciels suivants : CombineZP, Helicon Focus et Zerene Stacker.

CombineZP par Alan Hadley

CombineZP, totalement gratuit, a été écrit par un universitaire anglais qui s’en sert (s’en servait ?) pour des photos en microscopie (allez voir ses galeries de photos d’insectes). Mais non traduit en français (je le lui avais proposé), et d’une ergonomie très… spéciale ! Le fonctionnement est très lent. Les résultats sont souvent corrects, parfois très mauvais (cela dépend en partie de la macro — méthode — choisie, mais, en raison de la lenteur, cela n’incite pas à en tester plusieurs). Donc logiciel d’utilisation peu évidente, qui a le mérite d’être gratuit !

Helicon Focus

Helicon Focus est un logiciel qui fonctionne correctement, même si l’aide n’est pas très explicite sur les différentes méthodes de travail possibles. Je trouve l’interface de la dernière version moins conviviale qu’auparavant, rendant la prise en main moins facile. Helicon Focus propose un outil de retouche, utile lorsque le logiciel ne trouve pas la zone la plus nette parmi tous les fichiers de la pile. De plus, il permet d’automatiser le processus de prise de vues multiples avec certains appareils (Nikon et Canon, comme par hasard !) : il suffit de programmer les distances mini et maxi et le nombre de vues ; le logiciel calcule alors l’intervalle de distance entre chaque vue et pilote l’appareil via le moteur de mise au point de l’objectif !

Zerene Stacker

J’ai récemment testé ce logiciel, mais il ne m’a pas paru meilleur que Helicon Focus, ni même que CombineZP (mais je n’ai pas pu essayer sur des images avec de forts contrastes, chose qui perturbe complètement ce dernier). Zerene Stacker est beaucoup plus lent que Helicon Focus. Son interface est plus sobre (trop ?) et certaines fonctions sont assez peu claires : il faut consulter l’aide, qui, elle, est claire, mais en anglais. Enfin, ce logiciel dispose d’un outil de retouche, comme Helicon Focus, mais plus rudimentaire.

Comment je procède

Je possède un reflex Pentax (K10D puis K3) monté sur pied. J’utilise le zoom standard, pas excellent mais suffisant. Il est intéressant de noter que cet objectif, acquis avec le K10, donne de meilleurs résultats avec le K3, non seulement en termes de piqué de l’image, mais aussi en ce qui concerne l’aberration chromatique. J’ai fait un repère blanc sur la bague de mise au point. Après avoir configuré l’appareil en mode mise au point manuelle, je recherche à travers le viseur les distances de mise au point mini et maxi. J’ajoute une marge de sécurité, puis je prends la série de photos à f/8 ou f/11 en décalant la bague de mise au point d’environ 1 mm entre chaque cliché, en partant de la distance maxi — je me repère sur les cannelures de la bague de zoom.

Conseil : utilisez un déclencheur souple ou une télécommande filaire ou radio. On en trouve à moins de 5 € sur Internet (à ce prix, on peut se poser la question de la qualité…).

Voici un résultat, avec CombineZP :

141 R Jouef

Matériel Jouef ancien : 141 R 1264 réf. 8272 légèrement patinée
et voitures métallisées Est dites « Romilly » réf. 5102, 03, 04.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

Si vous regardez la photo ci-dessus agrandie, vous verrez que l’avant de la traverse de choc (tampon gauche et sigle SNCF) est flou : c’est que j’avais approché l’appareil en deçà de la distance minimale de mise au point (0,25 m).

Remarque : l’effet de nuages en arrière-plan n’est pas volontaire. C’est le logiciel qui a réalisé cela par hasard, en combinant les différents fonds flous !